Ce conte traite avec une extraordinaire acuité certains sujets qui hantent notre monde et nos imaginaires. Que se passe t-il quand les hommes, dans leur rapport aux autres vivants, substituent une logique de réciprocité et de soin par une logique de production et de prédation? Au début du conte lorsque l’homme recueille et soigne la grue blessée, il montre à son égard une générosité sans calcul. À ce don, la grue répond d’abord en s’offrant à lui comme épouse après s’être métamorphosée en femme, puis en lui donnant le fruit de son travail : les voiles magiques qu‘elle sait tisser.
À partir du moment où l’homme possède à la fois la femme et ce qu’elle produit, il n’y a plus de réciprocité dans les échanges. Le mari ne fera que prendre ce que lui donne sa femme, jusqu’au point de la tuer. Par-là, ce conte est une mise en garde : quand l’avidité et la recherche de l’accumulation sans fin se substituent au cycle du don et du contre-don, qui nous a longtemps lié aux entités naturelles, alors la tragédie est inévitable. Cet aveuglement avide de l’homme sera un coup d’arrêt à la relation humaine. Ce conte cerne avec justesse les éternels ressorts de la domination masculine : enfermer les femmes dans l’espace domestique et invisibiliser leur travail. A l’époux, l’espace extérieur, les relations avec le monde et le prestige social qu’il tire du commerce des biens produits par sa femme. A l’épouse l’espace domestique, l’invisibilité et l’épuisant travail de production.
RÉSUMÉ DU CONTE
Une grue blessée atterrit un jour devant la porte d’un tisserand. Le tisserand est pauvre mais il la soigne jusqu’à ce qu’elle se rétablisse. Plus tard, une femme se présente chez lui. Le jeune homme, qui avait jusque là mené une vie chaste et solitaire, est d’abord troublé par cette présence. Une fois la confusion passée, une relation amoureuse se noue entre les deux êtres. Le temps passe, et le labeur et la pauvreté sont toujours là ; pour échapper à cette situation la femme fait une proposition : elle tissera une voile de bateau, une voile magique qui pourra être vendue très cher. La femme pose une unique condition à sa tâche : elle oeuvrera derrière un paravent et l’homme ne devra en aucun cas ni la voir, ni la déranger pendant son travail. La femme termine son ouvrage en quelques jours, au bord de l’épuisement. Elle fait alors promettre à son époux de ne jamais lui demander de refaire un tel travail. La promesse est faite par le mari, et celui-ci vend très vite la voile à un riche marchand. Quelque temps après, ayant épuisé l’argent et rêvant d’un enrichissement brutal, au mépris de sa promesse, l’homme contraint sa femme à tisser de nouveau une voile. Après avoir rappelé à son mari sa promesse, à contre-coeur, la femme se lance une deuxième fois dans ce labeur exténuant. Quelque jour après, impatient et inquiet, l’homme regarde derrière le paravent : il découvre alors une grue épuisée, tissant ses propres plumes.
Extrait Vidéo
Distribution :
Adaptation : Rachel Da silva
Mise en scène : Collective dirigée par Rachel Da silva
Jeu : Eric Seban et Rachel Da Silva
Manipulation et projection (rétro-projecteur et peinture sur sable): Frédérique Héol
Plasticienne : Claire-Rose Barbier
Musicien : Laurent Buisson
Création lumière : Géraldine Michel
Soutiens & partenaires | Le Quai des arts, Cugnaux (31) | Espace Antonin Artaud, Gaillac (81) |
Les Abattoirs, Riom (63) | Ax animation, Ax-les-thermes (09) | Espace culturel Angonia, Martres Tolosan (31) | | SPEDIDAM |
En cours | Mairie de Toulouse | Département Haute-Garonne | Région Occitanie